mercredi 18 avril 2012

Monster soul



Quand on pense shônen, on pense Eiichiro Oda avec One Piece ou Hiro Mashima avec Fairy Tail. Si le maître de la piraterie loufoque n’a pas d’autres titres connus en France (si ce n’est le one-shot Wanted), Hiro Mashima s’est déjà illustré avec son précédent titre : Rave the groove adventure (Rave en abrégé). Aujourd’hui, je vais vous parler de Monster soul, une série qui ne peut pas vous ruiner car elle n’est qu’en deux tomes.

Le monde est peuplé par les humains et par les monstres, qui se sont livrés une guerre sans pareil. Aujourd’hui, bien que la paix ait été déclarée, les deux peuples sont loin d’être parvenus à une entente cordiale. Les humains craignent les monstres, dont les têtes sont mises à prix selon leur genre. C’est le cas du petit quarto que forment Aki (démongarou), Mamie (momie), Tooran (golem) et James (Frankenstein), connus également sous le nom de Black Airs, un groupe d’élite durant la guerre. Mais loin de vouloir recommencer les mêmes erreurs, le petit groupe aspire à vivre en paix, n’hésitant pas à venir en aide aux humains comme aux monstres en difficulté.

Hiro Mashima a travaillé un temps avec Eiichiro Oda, et ça se ressent autant dans le style de dessin que dans le scénario. Monster soul est un petit bijou de shônen comme on les aime, bien dessiné, avec des personnages loufoques qui ont des tics absurdes (prenons l’exemple de Mamie la momie qui adore se déshabiller sans raison), de la baston et une histoire travaillée qui prend aux tripes. L’auteur réussit à nous présenter le passé de chacun des personnages aux travers des petits récits qui rythment le manga, et ce avec une grande émotion. On apprécie de les voir aussi soudés, prêts à tout pour ceux qu’ils considèrent comme leur famille. Mon seul regret sera la longueur de la série : on a un goût de trop peu. Néanmoins l’auteur n’a pas fait l’erreur de laisser le lecteur sur une fin ouverte, ce qui est malheureusement trop souvent une habitude chez les mangaka.

Monster soul est une série achevée d’Hiro Mashima en deux tomes, parue aux éditions Pika en France.













Resha Heart

dimanche 8 avril 2012

Princess Jellyfish



Phénomène de l’année, Princess Jellyfish est un josei prometteur qui met en avant un thème assez peu commun : les méduses et les otakettes. Il a beaucoup fait parler de lui, mais au final, mon avis reste mitigé.

Tsukimi Kurashita est ce qu’on appelle une « otakette » vivant dans un foyer rassemblant d’autres otakettes, qui se surnomment elles-mêmes « filles moisies ». Elles sont étranges, décalées, déjantées, aiment des choses étranges comme les trains ou les vieux monsieurs et ne supportent pas la beauté. Autant dire que dans une ville comme Tôkyô, elles préfèrent rester enfermées le plus souvent dans leur résidence, où les garçons sont interdits.
Tsukimi est une fan inconditionnelle des méduses, depuis que sa maman décédée depuis l’emmenait à l’aquarium quand elle était petite. Un jour, alors qu’elle passe devant la boutique d’animaux où elle a repéré dans un aquarium une petite méduse, elle découvre avec horreur qu’une nouvelle habitante est apparue dans l’habitacle vitrée. Malheureusement la première méduse ne peut survivre en présence de la deuxième, et Tsukimi se révolte à cette idée. Elle prend son courage à deux mains pour tenter de sauver Clara – nom donnée à la méduse – et essaye d’affronter le vendeur, qui est effrayé par l’aspect étrange de la jeune fille. Une femme magnifique arrive alors et convainc le vendeur de leur  vendre la méduse.
Malgré sa répulsion pour les gens beaux, Tsukimi se sent redevable et laisse sa sauveuse l’accompagner à la résidence. Elle devra même accepter de la laisser dormir dans sa chambre, redoutant la réaction des autres habitantes de la résidence. Pourtant, lorsqu’elle se réveille le lendemain, elle se rend compte que la situation est encore plus terrible qu’elle ne croyait : cette magnifique jeune femme est en réalité un magnifique jeune homme qui aime se travestir, Kuronosuke.
Sans entrer dans les détails pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture, la suite de l’histoire s’articule autour de ses deux personnages et de la famille de Kuronosuke, qui est le fils illégitime d’un grand politicien. Son grand frère, Shû, trente ans, est un secrétaire binoclard mignon mais terriblement coincé. Pourtant, en croisant une Tsukimi relookée par Kuronosuke, il tombera éperdument amoureux.

On pourrait croire que Princess Jellyfish se concentrera sur ce trio Tsukimi-Shû-Kuronosuke, mais pas du tout. La résidence dans laquelle vivent les otakettes est menacée de destruction et Kuronosuke veut absolument la sauver. Pour cela, il veut métamorphoser ces « filles moisies » en redoutables femmes d’affaires. Et on touche là à un gros problème du manga : une absence de fil conducteur stable. Sauver la résidence, développer les relations entre les personnages, permettre aux otakettes d’évoluer, se lancer dans un projet ambitieux de mode ?
De même, comme dans le shônen Reborn, lorsqu’on a l’impression que les personnages font une véritable avancée, ils reculent aussitôt. On oscille en permanence entre un état d’esprit combattif et une acceptation résignée de leur statut de femmes incapables de réaliser leurs rêves.
On n’a jamais vraiment ce qu’on attend, en lisant Princess Jellyfish, ce qui est sans doute du à des intrigues trop morcelées et d’une continuité anarchique. Néanmoins l’auteur a su nous présenter des personnages attachants malgré leur particularité, et une histoire qu’on a envie de suivre. A voir si l’auteur saura se recentrer un peu.
Un mot sur les graphismes : si le dessin est particulier et peut rebuter à la première lecture, on adhère très vite au style de l’auteur et on sait apprécier son originalité.

Princess Jellyfish est une série en cours d’Higashimura Akiko chez Delcourt, en 9 tomes pour l’instant au Japon. Le 4ème tome devrait bientôt sortir dans nos librairies.












Resha Heart

jeudi 5 avril 2012

+Anima



Lorsqu’on cherche une bonne série shônen, complète, pas trop longue, avec une vraie fin, de très bons graphismes et une histoire touchante, on se tourne vers +Anima.

Dans un monde fantasy, certains enfants possèdent un +Anima, un esprit animal qui les hante et qui ne disparaît qu’une fois qu'un certain critère est rempli. La présence de cet esprit se manifeste par une sorte de tatouage tribal présent sur une partie de leur corps. Grâce à ce tatouage, ils ont acquis des pouvoirs liés aux esprits qui les possèdent.
Un jour, Husky, jeune garçon hanté par le +Anima du poisson, est vendu à un cirque. Il joue le rôle d’une sirène pour épater les badauds, lorsqu’il rencontre Cooro, un garçon comme lui, hanté par le +Anima du corbeau. Ce dernier lui propose de partir avec lui, pour voyager et rencontrer d’autres +Anima comme eux, parce que comme ça, ça sera amusant. Si Husky est agacé par la naïveté de Cooro, il finit par le suivre sur les routes. En chemin ils rencontreront d’abord Senri, adolescent taciturne et amnésique, possédé par le +Anima de l’ours, et Nana, petite fille possédée par le +Anima de la chauve-souris.
Chacun des personnages cache un passé trouble, qui sera révélé au fur et à mesure de l’aventure. Heureusement ils pourront compter sur leurs amis pour affronter ces souvenirs douloureux, comprendre ce qui les a amené à devenir des +Anima et se battre contre les préjugés de ceux qui voient en eux des monstres ou des outils.
                         
Ce manga, je l’ai découvert il y a quelques années. Je me souviens encore avoir vu la couverture du tome un et, sans même savoir de quoi le livre parlait, d’acheter les sept premiers tomes d’un coup. Je ne l’ai jamais regretté. +Anima nous prouve que les shônen peuvent se pencher sur des sujets aussi grave que le racisme et l’esclavage avec intelligence, avec des personnages véritablement travaillés. J’ai particulièrement aimé cette idée d’une possession par un esprit animal, qui, s’il peut être vu comme une malédiction dans un premier temps, est en réalité une véritable bénédiction pour ces enfants. De même, les dessins sont magnifiques et admirablement travaillés, autant dans les détails des tenues, des personnages ou des décors. On s’embarque dans l’aventure au côté du petit groupe avec un grand plaisir, oubliant pour un temps que notre monde est dépourvu de cette magie si particulière propre aux livres.

+Anima est une série de MUKAI Natsumi, en 10 tomes achevés aux éditions Taïfu Comics. Elle est normalement toujours commercialisée.












Resha Heart

mercredi 4 avril 2012

King of bandit Jing





Vieille série puisqu’elle date des années 90, King of bandit Jing est catégorisé comme un shônen par certains sites, sans doute par manque de qualification adéquate. Pourtant, la série pourrait être comparée à cette fameuse littérature de l’absurde, avec une foule de détails dans l’image et des scénarios complètement loufoques, ce qui conduira à un jugement sans appel du lecteur : « j’aime » ou « j’aime pas ».

Il ne faut pas chercher à comprendre la logique de l’auteur, pas plus qu’il ne faut s’arrêter sur son style extrêmement variable d’un tome à l’autre. Je ne peux vous parler que du scénario en général sans pouvoir entrer dans les détails.

Jing est un jeune homme que l’on devine adolescent, voleur de son état. Rien n’existe sur cette terre qu’il ne puisse voler, d’où son surnom de roi des voleurs. Il est accompagné d’un corbeau qui parle du nom de Kir. Vous aurez sans doute remarqué qu’il s’agit d’un nom de boisson, et c’est vrai que c’est assez courant dans l’histoire. Autre élément récurent dans chacun des récits, la présence d’un personnage féminin qui finit attirée par le garçon. Et c’est à peu près tout ce qu’on peut en dire, le reste se basant sur des ressentis.

Il n’y a absolument aucune logique entre chaque arc, et les thèmes abordés sont plus profonds et plus riches que dans les shônen habituellement. Lire King of bandit Jing, c’est comme lire un poème : on est plongé dans l’instant présent, immergé dans des récits étranges qui nous subjuguent et nous donnent l’impression d’une réalité bien fade, une fois le volume refermé.

King of bandit Jing est une série de Kumakura Yûichi, achevée en 7 volumes. La commercialisation a été stoppée en France, alors je vous suggère, si ce manga vous intéresse, de vous lancer à la recherche des livres d’occasion ou de demander à un ami s’il ne les aurait pas planqués dans un coin de sa mangathèque.












Resha Heart

Beelzebub




Il est difficile, quand on est un grand amateur de manga, de trouver de nouveaux shônen aussi percutants qu’ont pu l’être One Piece, Dragon Ball ou Bleach avant que ce dernier ne parte en sucette. Le problème est également que pour juger un manga, il faut en avoir lu quelques tomes pour bien se rendre compte de la qualité d’une œuvre. Et rien n’est dit qu’un jour, le manga perde absolument tout intérêt.

Beelzebub, c’est mon gros coup de cœur shônen de l’année 2011. On commence dans le tome un par une voix off nous décrivant un personnage beau, charismatique, magnanime, avec des images ne collant absolument pas au texte puisqu’on découvre une petite brute tabassant sans vergogne les racailles qui ont osé s’en prendre à lui. Nous voilà en présence de Tatsumi Oga, lycéen « je m’en foutiste » et n’hésitant pas à répondre aux provocations. Il peut se le permettre, c’est une véritable force de la nature.
Retour à l’histoire. Oga est en réalité en train de raconter à son ami Takayuki Furuichi sa version des évènements qui l’a amené à sa situation actuelle : après la bagarre, qui se déroula sur le bord d’un fleuve, il vit un homme flotter à la surface de l’eau. N’écoutant que son courage, il le repêcha. Surprise, l’homme s’ouvrit en deux et dévoila à ses yeux un bébé aux cheveux verts qui désormais ne le lâche plus, malgré toutes les tentatives d’Oga. Bien sûr, cette histoire provoque un tollé chez Furuichi, jusqu’à ce qu’apparaisse la magnifique Hilda, babysitter du bébé perdue, qui annonce à Oga qu’il s’agit de Beelzebub fils du diable et qu’il doit provoquer l’apocalypse. Pour se faire, il a besoin de l’aide d’un humain, un « parent » en somme, un être violent et sans morale qui saura enseigner le mal au petit bout de chou.
Bien sûr, dans un premier temps, Oga refuse ce rôle de père qui sera responsable de la fin de l’humanité et essaye de refourguer le petit Beelze à d’autres racailles. Il a de la chance car il est au lycée Ishiyama, qui grouille de délinquants en tout genre. Malheureusement, notre héros a le sang chaud et il n’est pas sûr qu’il réussisse à trouver un adversaire capable de le vaincre.

Beelzebub nous présente tout un panel de personnages hauts en couleur, parfois bien stupides. Humour et bagarres sont au rendez-vous, sans compter tout un tas de situations absurdes et loufoques. Rien qu’un exemple, le nom du fameux homme qui s’est ouvert en deux au début : Alaindolon. Aussi loin que je suis allée, j’ai pu apprécier des arcs courts, bien remplis, qui varient entre la vie normale au lycée et les affrontements avec les démons. On se prend facilement au jeu, on apprécie l’évolution des personnages, l’imagination de l’auteur et son humour qui a le grand mérite, pour moi, de n’être ni vulgaire ni grivois. Vous pouvez vous lancer dans la série sans problème, il y a de la matière à rire.

Beelzebub est un manga de TAMURA Ryûhei, publié aux éditions Kaze. La série toujours en cours au Japon est de 15 tomes pour l’instant, et de 6 pour la publication française. A lire absolument si vous êtes un amoureux des bons shônen. Et si vous réussissez à comprendre pourquoi baby Beel ne s’habille jamais, sachez que je suis preneuse !


















Resha Heart

Sawako



Premier article, moment émouvant. Mon choix se porte sur un shôjô, étonnamment, puisque je vais plus naturellement vers les shônen. Mais Sawako n'est pas un shôjô comme les autres.

Sawako Kuronama est une lycéenne comme les autres, dont son seul désir est d’avoir des amis et de bien s’entendre avec les gens de sa classe. Timide, calme, travailleuse, sérieuse, elle se heurte pourtant à un problème de taille : son look. Malgré toute sa bonne volonté, la pauvre Sawako ressemble à ce fameux personnage de film d’horreur appelé Sadako, nom devenu son surnom durant sa scolarité. Depuis toute petite, les gens qui la côtoient sont persuadés qu’elle possède de puissants pouvoirs comme voir les esprits ou maudire les gens. Seul Kazehaya, un garçon de sa classe, semble insensible à la rumeur et n’hésite pas à la saluer tous les matins. Le jeune homme est d’ailleurs l’idole de Sawako, qui admire son énergie et son talent pour se faire des amis.
Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que Kazehaya ressent également une grande admiration pour Sawako, son courage, sa persévérance. Il l’invite même à participer au test de courage qu’organise la classe, espérant la voir. Sawako y participe donc, mais en jouant le rôle du fantôme afin de rendre service à deux filles de sa classe qui organisent l’évènement, Yoshida et Ayane.

La suite du manga nous montre comment une jeune fille timide et effacée apprend à se sociabiliser, et ainsi à se faire confiance, à force de persévérance et grâce à ses nouveaux amis. La grande force de cette histoire est aussi de ne pas tomber dans le pathétique, l’auteur ne nous présentant pas Sawako comme une jeune fille repliée sur elle-même, sujette à la dépression. Humour, amitiés et romances sont bien évidemment au rendez-vous, sans tomber dans les clichés habituels qui nous font grincer des dents à la lecture de shôjô où les héroïnes ne sont que des filles sans volonté, prêtes à servir de paillasson au premier beau gosse qui daigne leur accorder un regard. Le seul bémol reste pour moi les dialogues, lors de moments dramatiques, qui me paraissent souvent maladroits voir incompréhensibles. Reste à savoir si cela vient de la traduction française ou si le clivage entre Japon/France entraine des incompréhensions dues à nos cultures bien différentes.


Sawako est un manga de SHIINA Karuo, édité par la maison Kana, qui comporte 12 tomes pour l’instant en publication française et 15 pour la publication japonaise. A lire absolument si vous désirez enfin découvrir un shôjô avec des personnages véritablement travaillés pour s’éloigner des clichés habituels et une histoire bien plus réaliste que ce qu’on peut parfois lire dans la production actuelle.














Resha Heart