dimanche 30 décembre 2012

Les éditeurs et le manfra




En cette période intensive de fêtes, il me reste peu de temps pour rédiger une nouvelle critique, malgré de très belles découvertes. Donc je me lance dans un de mes fameux coups de gueule, parce qu’il faut le dire, l’univers du manga en France est parasité de tous les côtés. Je pourrais parler des éditeurs qui, comme Kana, mettent un point d’honneur à se saboter eux-mêmes en nous proposant des histoires médiocres et sans intérêt, mais il paraitrait qu’ils sont obligés par les éditeurs japonais à acheter certains titres pour en obtenir d’autres. D’accord, je veux bien le croire, mais quand on sait que le manga traverse une crise au Japon, ne serait-il pas judicieux d’éviter qu’il se produise la même chose en France, deuxième gros lecteur de production nippone ? Que deviendraient les éditeurs japonais sans le soutien français ?

Mais je m’égare, je ne voulais pas lancer la polémique. Du moins aujourd’hui. Je m’attaquerais donc à Kana qui a racheté les droits de l’infâme copie de Fairy Tail plus tard (Non, je ne les oublierai pas.) Aujourd’hui nous allons parler d’artistes français ! Car OUI, mesdames et messieurs, les français se sont lancés dans l’aventure manga ! Retenons le fameux Pink Diary, pur produit copié, ou encore Lost soul plus récemment ! Ces œuvres qu’on appelle manfra se distinguent en général par plusieurs éléments, que je me permets de lister
-          Leur laideur
-          Leur absence de scénario
-          Leur absence de dynamique
-          Leur absence d’originalité
A ces gens qui vouent un tel culte au genre, je ne poserai qu’une seule question : POURQUOI chercher à imiter, copier, défigurer un style dont vous ne comprenez pas les ficelles puisque vous n’êtes pas japonais !
Listons maintenant la force du manga
-          Le trait dynamique
-          Le scénario
-          La psychologie travaillée des personnages
-          La rapidité de parution
Ce n’est pas une légende, pour citer le professeur de Salut les geeks, mais les éditeurs nippons ont bien su capter leur lectorat en le rendant quelque part accros aux séries, en proposant une parution rapide, qui empêche le lecteur de se désintéresser de l’histoire vu que son intérêt est de nouveau stimulé toutes les semaines ou toutes les deux semaines. Ce fut l’erreur des éditeurs français que de ne pas comprendre le système, proposant pour commencer un rythme trop rapide qui a mis les lecteurs français au même niveau que les lecteurs japonais, avant de ralentir considérablement pour laisser le temps à l’histoire originale de s’étoffer de quelques tomes de plus. Résultat : les ventes de Naruto ont chuté dès qu’on est passé de 5 à 3 manga par an. A l’inverse, d’autres ont volontairement ralenti le rythme de parution alors que l’œuvre originale était achevée au Japon (pensons à Fullmetal Alchemist) ou encore à Gintama, qui était tellement en retard en France que l’éditeur s’est mis à les sortir deux par deux (décidément, que d’erreurs de la part de Kana).

Mais je digresse. Reprenons le problème du manfra. Déjà, pourquoi ce genre a vu le jour, malgré sa grande médiocrité ? Tout simplement parce que les achats de droit pour les manga nippons sont devenus bien trop chers. Les éditeurs français se sont alors tournés vers les artistes locaux, publiant leurs « œuvres » sans sourciller, allant chercher parmi les artistes les plus populaires d’un fameux site d’artiste pour s’assurer des ventes (là j’extrapole, mais je suppose que ça joue). Résultat : on se demande bien à quoi servent encore les secrétaires d’édition, ces gens censés travailler avec les auteurs sur textes et dessins afin de rendre le tout harmonieux. On dirait que leur but est de faire sortir le livre le plus rapidement possible, ramasser l’argent, merci bonjour au revoir. Et si la série ne connait pas de succès, on arrête sans pitié la machine, on prévoit deux tomes au lieu de trois, on coupe dans le tas et on rend un travail encore plus misérable. Le lecteur français a alors l’impression très nette qu’on se fout de sa gueule, et il a bien raison. Il boude alors le manfra, et l’éditeur, comprenant son erreur, se tourne vers nos bonnes vieilles bandes dessinées… avec des dessins manga. Encore une fois, what the fuck !
Voyez, le problème numéro un, ce ne sont pas les dessins manga, mais bien une tentative de copier le genre japonais, ses codes, ses graphismes, ses découpages, son humour, en essayant de présenter ça dans une bande dessinée bien occidentale. Pour avoir essayé, ça ne colle pas du tout. Bien sûr, vous aurez un rendu très esthétique, ça y a pas de souci. Mais les dialogues seront pauvres, le scénario plat, et encore une fois où est le travail d’édition là dedans, quand on se retrouve avec des fautes aussi énormes que « tu a » en plein milieu d’une bulle ? Ils ont viré leurs correcteurs chez Dargaud ou quoi ?

A me lire, on peut être persuadé que je hais de toutes mes forces les bandes dessinées inspirées du manga. Et c’est là toute l’ironie de la situation : quand on ressent l’influence de la bande dessinée orientale dans le travail de l’artiste, je suis la première à adorer. Pourquoi ? Parce que bien qu’influencé, il n’en reste pas moins un véritable travail original, qui se démarque totalement du manga. Je salue ces dessinateurs et scénaristes (on peut être un bon dessinateur et n’avoir aucune notion de scénario après tout) qui ont su adapter leurs différences influences pour créer des bandes dessinées véritablement passionnantes. Je citerai l’excellent Geek & girly de Nephyla et Rutile, arrêté parce que la maison d’éditions Soleil a encore une fois raté le coche et a coulé elle-même la série (Je vous hais pour ça, Soleil, si vous saviez) ou encore Tokyo Home  de Thierry Gloris et Cyrielle aux éditions Kana. De Cyrielle, une fois encore, une nouvelle bande dessinée à découvrir chez Jungle, Akiko. Et si je devais relativiser mes propos sur le manfra, disons que Dreamland semble ne pas être trop mal (mais n’ayant pas lu plus loin que le tome un, je ne m’avancerai pas plus)

mardi 11 décembre 2012

Mad World




Les mots « bons manga » et « Soleil » se retrouvent rarement voisins dans une même phrase, sauf pour dire « Ahlala, ils ne font vraiment pas de bons manga chez Soleil ». Et pourtant parfois, ils ont le culot de publier un bon titre, qui nous ferait presque oublier leurs trop nombreuses erreurs de parcours.

Mad World est un seinen que je ne peux pas vous résumer, pour la simple et bonne raison que chaque tome se présente sous le format d’une histoire complète, avec un thème et des personnages différents. C’est un peu comme un nouveau one shot à chaque fois, et j’adore ce concept. Selon le résumé de Soleil, chaque histoire met en lumière des travers de la société japonaise et leur effet néfaste sur les plus vulnérables, les adolescents. J’aurais pour ma part retiré le mot « japonaise ».
Que ressent-on quand les autres nous excluent parce que nous sommes soi disant « différents d’eux » ? Comment surmonter sa peur et s’affirmer, grandir et devenir un adulte épanoui ? Et surtout, comment s’accepter ?
Les héros de ces histoires vont traverser bien des épreuves qui finiront par les mener vers la paix. En vivant leur quotidien teinté d’une pointe de fantastique, en partageant leurs doutes, on ne peut s’empêcher d’être saisi du même malaise qui a hanté notre adolescence, alors que nous nous demandions « Mais qu’est-ce que je vais devenir ? Est-ce que j’ai réellement une place dans ce monde ? »
Si je devais choisir entre les trois tomes de cette petite série, je ne saurais me décider entre le premier et le troisième tome, le deuxième étant plus « oubliable » à mon sens. Peut être parce qu’on n’y retrouve pas cette petite touche fantastique qui fait toute l’originalité des deux autres… Mais dans tous les cas, une série à découvrir !

Mad world est une série en trois tomes, avec au scénario Otsuichi et au dessin Hiro Kiyohara. Parue aux éditions Soleil (je ne le répèterai jamais assez ça), chaque tome est disponible au prix de 7 euros 99. Ca fait cher, mais pour une fois qu’on a une histoire de qualité !










Resha Heart

lundi 3 décembre 2012

Gamaran





Dans l’édition française, on reconnait quelques maisons, parmi la multitude, qui ont su se démarquer en nous proposant un catalogue de titres manga riche et de qualité. Je pense notamment à Ki-oon, qui malgré les prix de ses livres, fait quand même attention à ce qu’il propose à ses lecteurs. Je reconnaissais cette qualité à Kana également. Force est de constater que les choses ont bien changé.

La maison Kana, ce sont d’excellents titres comme Pluto, Sawako, Death note, Samourai Deeper Kyo, Black Butler et tant d’autres (je ne cite pas Naruto dans la liste des titres excellents, ceci est un simple avis personnel). Mais si on se tourne du côté des nouveautés shônen, que trouve-t-on ? Le nouveau manga de l’auteur de Shaman King (deux tomes complètement insipides et un arrêt de la série au Japon déjà), Kongoh Bancho (une horreur scénaristique et visuelle) et Gamaran.

La première chose qui m’a saisi, en attrapant le tome un, est le vide intersidéral que constitue la jaquette. On y voit le personnage principal sur lequel est inscrit le titre, le tout sur fond blanc. Ce même blanc que nous retrouverons à l’intérieur des cases, symbole d’un creux scénaristique plus qu’évident. Pour résumer rapidement l’histoire quand même : Naoyoshi Washizu a fait un long voyage pour tenter de rencontrer et recruter Jinsuke Kurogane, élève du dojo Ôgame, que l’on surnomme aussi le guerrier aux milles victimes. Il a besoin de son aide pour remporter le tournoi d’Unabara qui lui permettrait  de succéder à son père malgré sa condition d’enfant batard. Malheureusement, nul ne sait ce qu’est devenu Jinsuke, et les deux sbires qu’a engagé Naoyoshi doivent se contenter d’affronter un gamin répondant au nom de Gama. Et malgré son âge, l’adolescent parvient à défaire les deux adultes sans grande difficulté. Découvrant qu’il s’agit du fils de celui qu’il désirait rencontrer, Naoyoshi propose à Gama de participer au tournoi en son nom, ce que ce dernier accepte malgré le danger, afin d’avoir l’opportunité d’affronter des hommes dont la renommée n’est plus à refaire.

Si l’histoire est assez bateau (après tout, les manga sur les samouraï et autres tournois sont légions de nos jours), ce qui me dérange plus que tout, c’est que je n’arrive pas à m’attacher aux personnages. Gama est un gamin prétentieux qui se réjouit de mettre à mort ses adversaires et ne déclenche aucune empathie chez la lectrice que je suis. Le personnage de Naoyoshi me laisse également perplexe, dans le sens où il va recruter Gama et passe ensuite son temps à douter de son choix (« Non mais ce n’est qu’un enfant, devrait-on abandonner, aaah qu’ai-je fait ». SOIS UN HOMME BORDEL). Les adversaires de Gama sont pour l’instant assez fades, même s’ils nous sont présentés comme de purs « Badass ». Et c’est sans doute ça le problème numéro un du scénario !
Même si certains hurleront que cela n’a rien d’original, n’importe quelle histoire réussie se base sur un schéma très classique : introduction, évènement perturbateur, péripéties qui vont crescendo, résolution. Mais quel aurait été l’intérêt de One Piece si Luffy avait affronté Crocodile, un des sept puissants corsaires, dès le premier tome ? Ou de Dragon Ball si Son Goku avait su se transformer en super Saiyen dès la page trois ? Où est l’intérêt d’un personnage qui déchire sa race dès le tome un et dont on ne voit pas l’évolution ? Car oui, le vieux maître de Gama aura beau prétendre que l’adolescent n’est plus le même depuis son départ de l’école, on ne trouve pas ça un instant crédible vu qu’il ne semble pas s’être écoulé plus de deux semaines (et encore je vois large) depuis le début de l’aventure. Soit à peine deux tomes. Soyons un peu réalistes !
De même, il manque dans ce shônen le personnage qui saurait être l’adversaire le rival du jeune Gama, ou alors à la limite le boss de fin, l’être charismatique et dangereux qui infligerait dans un premier temps une défaite sévère au héros, qui n’en ressortirait que grandi. Alors oui, il ne s’agit que du tome deux, mais quitte à précipiter l’action comme l’a fait l’auteur, autant aller jusqu’au bout des choses non ?
Niveau dessin, j’ai énormément de mal avec le style de l’auteur, surtout en ce qui concerne les yeux de ses personnages masculins : ils ont un je ne sais quoi de shôjo, et dans un manga sensé respirer le muscle et la testostérone, ça passe moyen. Les décors sont très pauvres pour un shônen, et les expressions comiques m’ont arraché quelques grimaces de dégoût tant l’effet de décalage habituel dans le genre est complètement raté dans ce manga.
En conclusion : un début de scénario raté, des personnages fades, un coup de crayon qui n’a rien d’exceptionnel. Vous voulez lire un excellent manga samouraï, revenez plutôt à Kenshin le vagabond, c’est mon conseil du jour.

Gamaran est un manga de Yosuke Nakamaru, disponible chez Kana au prix de 6 euros 85. Pour l’instant deux tomes sont parus en France, et dix-huit au Japon à ma grande surprise. Une prochaine chronique saura-t-elle faire mentir celle-ci ? Surtout que MangaNews lui donne une note de 15/20 et les lecteurs une note de 18... Affaire à suivre.










Resha Heart