lundi 3 décembre 2012

Gamaran





Dans l’édition française, on reconnait quelques maisons, parmi la multitude, qui ont su se démarquer en nous proposant un catalogue de titres manga riche et de qualité. Je pense notamment à Ki-oon, qui malgré les prix de ses livres, fait quand même attention à ce qu’il propose à ses lecteurs. Je reconnaissais cette qualité à Kana également. Force est de constater que les choses ont bien changé.

La maison Kana, ce sont d’excellents titres comme Pluto, Sawako, Death note, Samourai Deeper Kyo, Black Butler et tant d’autres (je ne cite pas Naruto dans la liste des titres excellents, ceci est un simple avis personnel). Mais si on se tourne du côté des nouveautés shônen, que trouve-t-on ? Le nouveau manga de l’auteur de Shaman King (deux tomes complètement insipides et un arrêt de la série au Japon déjà), Kongoh Bancho (une horreur scénaristique et visuelle) et Gamaran.

La première chose qui m’a saisi, en attrapant le tome un, est le vide intersidéral que constitue la jaquette. On y voit le personnage principal sur lequel est inscrit le titre, le tout sur fond blanc. Ce même blanc que nous retrouverons à l’intérieur des cases, symbole d’un creux scénaristique plus qu’évident. Pour résumer rapidement l’histoire quand même : Naoyoshi Washizu a fait un long voyage pour tenter de rencontrer et recruter Jinsuke Kurogane, élève du dojo Ôgame, que l’on surnomme aussi le guerrier aux milles victimes. Il a besoin de son aide pour remporter le tournoi d’Unabara qui lui permettrait  de succéder à son père malgré sa condition d’enfant batard. Malheureusement, nul ne sait ce qu’est devenu Jinsuke, et les deux sbires qu’a engagé Naoyoshi doivent se contenter d’affronter un gamin répondant au nom de Gama. Et malgré son âge, l’adolescent parvient à défaire les deux adultes sans grande difficulté. Découvrant qu’il s’agit du fils de celui qu’il désirait rencontrer, Naoyoshi propose à Gama de participer au tournoi en son nom, ce que ce dernier accepte malgré le danger, afin d’avoir l’opportunité d’affronter des hommes dont la renommée n’est plus à refaire.

Si l’histoire est assez bateau (après tout, les manga sur les samouraï et autres tournois sont légions de nos jours), ce qui me dérange plus que tout, c’est que je n’arrive pas à m’attacher aux personnages. Gama est un gamin prétentieux qui se réjouit de mettre à mort ses adversaires et ne déclenche aucune empathie chez la lectrice que je suis. Le personnage de Naoyoshi me laisse également perplexe, dans le sens où il va recruter Gama et passe ensuite son temps à douter de son choix (« Non mais ce n’est qu’un enfant, devrait-on abandonner, aaah qu’ai-je fait ». SOIS UN HOMME BORDEL). Les adversaires de Gama sont pour l’instant assez fades, même s’ils nous sont présentés comme de purs « Badass ». Et c’est sans doute ça le problème numéro un du scénario !
Même si certains hurleront que cela n’a rien d’original, n’importe quelle histoire réussie se base sur un schéma très classique : introduction, évènement perturbateur, péripéties qui vont crescendo, résolution. Mais quel aurait été l’intérêt de One Piece si Luffy avait affronté Crocodile, un des sept puissants corsaires, dès le premier tome ? Ou de Dragon Ball si Son Goku avait su se transformer en super Saiyen dès la page trois ? Où est l’intérêt d’un personnage qui déchire sa race dès le tome un et dont on ne voit pas l’évolution ? Car oui, le vieux maître de Gama aura beau prétendre que l’adolescent n’est plus le même depuis son départ de l’école, on ne trouve pas ça un instant crédible vu qu’il ne semble pas s’être écoulé plus de deux semaines (et encore je vois large) depuis le début de l’aventure. Soit à peine deux tomes. Soyons un peu réalistes !
De même, il manque dans ce shônen le personnage qui saurait être l’adversaire le rival du jeune Gama, ou alors à la limite le boss de fin, l’être charismatique et dangereux qui infligerait dans un premier temps une défaite sévère au héros, qui n’en ressortirait que grandi. Alors oui, il ne s’agit que du tome deux, mais quitte à précipiter l’action comme l’a fait l’auteur, autant aller jusqu’au bout des choses non ?
Niveau dessin, j’ai énormément de mal avec le style de l’auteur, surtout en ce qui concerne les yeux de ses personnages masculins : ils ont un je ne sais quoi de shôjo, et dans un manga sensé respirer le muscle et la testostérone, ça passe moyen. Les décors sont très pauvres pour un shônen, et les expressions comiques m’ont arraché quelques grimaces de dégoût tant l’effet de décalage habituel dans le genre est complètement raté dans ce manga.
En conclusion : un début de scénario raté, des personnages fades, un coup de crayon qui n’a rien d’exceptionnel. Vous voulez lire un excellent manga samouraï, revenez plutôt à Kenshin le vagabond, c’est mon conseil du jour.

Gamaran est un manga de Yosuke Nakamaru, disponible chez Kana au prix de 6 euros 85. Pour l’instant deux tomes sont parus en France, et dix-huit au Japon à ma grande surprise. Une prochaine chronique saura-t-elle faire mentir celle-ci ? Surtout que MangaNews lui donne une note de 15/20 et les lecteurs une note de 18... Affaire à suivre.










Resha Heart

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