lundi 17 février 2014

A lollypop or a bullet


Peu de nouveautés ont été un réel coup de cœur ces derniers temps, aussi je me permets de parler d’un titre pas tout jeune mais véritablement percutant. Cela faisait longtemps que je voulais vous le faire découvrir, mais il m’a fallu longtemps avant de trouver les bons mots pour le faire.

Nagisa est une jeune collégienne déjà désabusée de la vie. Vivant avec sa mère et son grand frère souffrant apparemment d’agoraphobie, son seul souhait est d’entrer dans l’armée une fois le collège terminé pour s’endurcir et mieux supporter la vie. Mais voilà qu’un jour arrive dans sa classe Mokuzu Umino, la fille d’un célèbre chanteur. Tout pourrait se passer pour le mieux, sauf que Mokuzu est inconstante, ne cesse de raconter des mensonges comme le fait qu’elle est une sirène et qu’une grande tempête va se lever, comme celle qui a tué le père de Nagisa dix ans auparavant. Manque de chance pour notre héroïne qui n’aspire qu’à la tranquillité, Mokuzu tente par tous les moyens de devenir son amie, l’entrainant à sa suite dans les méandres les plus sombres de l’âme humaine. Car si Mokuzu semble n’être qu’une belle menteuse, elle est en réalité une enfant écorchée par la vie, rejetée par son père et inventant des histoires pour tenter de ne plus souffrir.

Je ne vous détaillerai pas plus l’histoire, car elle ne fait que deux tomes et je ne voudrais surtout pas vous spoiler. Le récit prend aux tripes comme peu de récits savent le faire, nous obligeant à réfléchir sur une société de plus en plus égoïste qui ferme les yeux face aux souffrances des enfants. Le manga est un véritable appel à l’action avant qu’il ne soit trop tard, et tente de mettre les adultes face à leurs responsabilités, là où les deux héroïnes se retrouvent sans soutien face à la cruauté d’un adulte. C’est également un témoignage vibrant sur la perte de l’innocence, la transition difficile de l’adolescent vers l’âge adulte, et le gâchis fait lorsque cette transition survient dans des conditions terribles et peut-être trop tôt. Doit-on accuser l’enfant ou au contraire comprendre ce qui l’a mené à devenir violent, a-t-on tous en nous une part sombre et tourmentée qui peut exploser à tout moment ? Ou alors le pire aurait-il pu être évité si un adulte avait pu, avait voulu intervenir ?
Cette critique de la société est particulièrement bien menée, surtout dans l’exemple qui va suivre. En effet, un professeur va accabler le frère de Nagisa devant elle, le traitant en gros de parasite sans chercher à comprendre pourquoi ce jeune homme est devenu agoraphobe, alors que lui-même ne fait rien face aux blessures apparentes de la petite Mokuzu que tous savent battu par son célèbre chanteur de père.
Le dessin est soigné et la narration parfaitement menée, nous laissant un sentiment de malaise, de culpabilité même, et surtout d’impuissance. Les personnages sont profonds et le lecteur saura s’attacher facilement à eux. Il saura les aimer, il saura les haïr, mais il saura surtout se retrouver un peu dans ceux qui gardent en eux une lueur d’humanité.

A lollypop or a bullet est un manga tiré d’un roman de Kazuki Sakuraba et mis en image par Iqura Sugimoto. Il est disponible aux éditions Glénat en deux tomes, au prix de 7 euros 60.

Resha Heart



2 commentaires:

  1. J'avoue être tentée de le découvrir ! Dans quel rayon le trouverait-on ?

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  2. ... queeeestion stupide je viens de voir dans les tags qu'il est rangé en tant que seinen ! merci beaucoup pour cette review en tout cas ! :D

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