Dans l’édition française, on reconnait quelques maisons,
parmi la multitude, qui ont su se démarquer en nous proposant un catalogue de
titres manga riche et de qualité. Je pense notamment à Ki-oon, qui malgré les
prix de ses livres, fait quand même attention à ce qu’il propose à ses
lecteurs. Je reconnaissais cette qualité à Kana également. Force est de
constater que les choses ont bien changé.
La maison Kana, ce sont d’excellents titres comme Pluto, Sawako, Death note, Samourai Deeper Kyo, Black Butler et tant d’autres (je ne
cite pas Naruto dans la liste des
titres excellents, ceci est un simple avis personnel). Mais si on se tourne du
côté des nouveautés shônen, que trouve-t-on ? Le nouveau manga de l’auteur
de Shaman King (deux tomes
complètement insipides et un arrêt de la série au Japon déjà), Kongoh Bancho (une horreur scénaristique
et visuelle) et Gamaran.
La première chose qui m’a saisi, en attrapant le tome un,
est le vide intersidéral que constitue la jaquette. On y voit le personnage
principal sur lequel est inscrit le titre, le tout sur fond blanc. Ce même
blanc que nous retrouverons à l’intérieur des cases, symbole d’un creux
scénaristique plus qu’évident. Pour résumer rapidement l’histoire quand même :
Naoyoshi Washizu a fait un long voyage pour tenter de rencontrer et recruter
Jinsuke Kurogane, élève du dojo Ôgame, que l’on surnomme aussi le guerrier aux
milles victimes. Il a besoin de son aide pour remporter le tournoi d’Unabara
qui lui permettrait de succéder à son
père malgré sa condition d’enfant batard. Malheureusement, nul ne sait ce qu’est
devenu Jinsuke, et les deux sbires qu’a engagé Naoyoshi doivent se contenter d’affronter
un gamin répondant au nom de Gama. Et malgré son âge, l’adolescent parvient à
défaire les deux adultes sans grande difficulté. Découvrant qu’il s’agit du
fils de celui qu’il désirait rencontrer, Naoyoshi propose à Gama de participer
au tournoi en son nom, ce que ce dernier accepte malgré le danger, afin d’avoir
l’opportunité d’affronter des hommes dont la renommée n’est plus à refaire.
Si l’histoire est assez bateau (après tout, les manga sur
les samouraï et autres tournois sont légions de nos jours), ce qui me dérange
plus que tout, c’est que je n’arrive pas à m’attacher aux personnages. Gama est
un gamin prétentieux qui se réjouit de mettre à mort ses adversaires et ne
déclenche aucune empathie chez la lectrice que je suis. Le personnage de
Naoyoshi me laisse également perplexe, dans le sens où il va recruter Gama et
passe ensuite son temps à douter de son choix (« Non mais ce n’est qu’un
enfant, devrait-on abandonner, aaah qu’ai-je fait ». SOIS UN HOMME BORDEL).
Les adversaires de Gama sont pour l’instant assez fades, même s’ils nous sont
présentés comme de purs « Badass ». Et c’est sans doute ça le
problème numéro un du scénario !
Même si certains hurleront que cela n’a rien d’original,
n’importe quelle histoire réussie se base sur un schéma très classique :
introduction, évènement perturbateur, péripéties qui vont crescendo,
résolution. Mais quel aurait été l’intérêt de One Piece si Luffy avait affronté
Crocodile, un des sept puissants corsaires, dès le premier tome ? Ou de
Dragon Ball si Son Goku avait su se transformer en super Saiyen dès la page
trois ? Où est l’intérêt d’un personnage qui déchire sa race dès le tome
un et dont on ne voit pas l’évolution ? Car oui, le vieux maître de Gama
aura beau prétendre que l’adolescent n’est plus le même depuis son départ de l’école,
on ne trouve pas ça un instant crédible vu qu’il ne semble pas s’être écoulé
plus de deux semaines (et encore je vois large) depuis le début de l’aventure.
Soit à peine deux tomes. Soyons un peu réalistes !
De même, il manque dans ce shônen le personnage qui
saurait être l’adversaire le rival du jeune Gama, ou alors à la limite le boss
de fin, l’être charismatique et dangereux qui infligerait dans un premier temps
une défaite sévère au héros, qui n’en ressortirait que grandi. Alors oui, il ne
s’agit que du tome deux, mais quitte à précipiter l’action comme l’a fait l’auteur,
autant aller jusqu’au bout des choses non ?
Niveau dessin, j’ai énormément de mal avec le style de l’auteur,
surtout en ce qui concerne les yeux de ses personnages masculins : ils ont
un je ne sais quoi de shôjo, et dans un manga sensé respirer le muscle et la
testostérone, ça passe moyen. Les décors sont très pauvres pour un shônen, et
les expressions comiques m’ont arraché quelques grimaces de dégoût tant l’effet
de décalage habituel dans le genre est complètement raté dans ce manga.
En conclusion : un début de scénario raté, des personnages
fades, un coup de crayon qui n’a rien d’exceptionnel. Vous voulez lire un
excellent manga samouraï, revenez plutôt à Kenshin
le vagabond, c’est mon conseil du
jour.
Gamaran est un
manga de Yosuke Nakamaru, disponible chez Kana au prix de 6 euros 85. Pour l’instant
deux tomes sont parus en France, et dix-huit au Japon à ma grande surprise. Une
prochaine chronique saura-t-elle faire mentir celle-ci ? Surtout que MangaNews lui donne une note de 15/20 et les lecteurs une note de 18... Affaire à suivre.
Resha Heart
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