Ce qu’il y a de magnifique avec la littérature, c’est que
nombreux sont les auteurs qui tentent de nous faire partager un certain nombre
de valeurs à travers leur histoire. Ils amènent une réflexion, s’interrogent
sur les bienfaits de la société et ce qu’est la morale. Encensés par leurs
contemporains, les plus chanceux se voient attribués d’un prix littéraire et on
parle alors d’eux avec des étoiles dans les yeux, tout en prenant bien soin d’utiliser
un vocabulaire obscur pour la plèbe qui n’est pas à même de comprendre leur
génie. Ce sont ces mêmes enseignants issus du neuvième arrondissement de Paris
(OBB je pense à toi) qui passent volontairement à côté d’œuvres bandes
dessinées, occidentales ou orientales, qui ne sont pourtant pas les dernières à
apporter un œil critique sur la société.
Prenons Death Note,
par exemple. En le lisant, je me suis profondément interrogée sur « A-t-on
tous les droits quand on en possède le pouvoir, et si on l’utilise pour châtier
les vilains ? » La réponse est « non », car il est très
facile de devenir le criminel dans l’histoire.
Et pourquoi cette introduction absolument inutile et quel
rapport entre Death Note et une critique
manga ? Et bien il s’agit d’une habile transition pour vous parler de ma
dernière lecture, Duds Hunt the network
survival game, de Tetsuya Tsutsui (l’auteur de Prophecy pour les
connaisseurs). L’histoire commence alors qu’un jeune homme appelé Nakanishi se
fait harceler violemment par son patron parce qu’il ne vend pas assez d’assurances-vie.
On apprend que Nakanishi était il y a quelques années un jeune délinquant, qui
a passé quelques années dans une maison de redressement. La raison, je ne vous
la dévoile pas, il vous faudra lire pour comprendre.
Nakanishi est un concentré de haine envers ce patron qui
l’emmerde, mais il se doit de rester calme s’il ne veut pas être renvoyé. Car
qui engagerait un repris de justice aujourd’hui ? Or comme chacun le sait,
on a tous besoin d’argent pour vivre. Le jeune homme semble coincé lorsqu’un de
ses contacts internet lui parle d’un nouveau jeu, le Duds Hunt. Le principe est
de récupérer les « pointeurs » que les participants portent sur eux,
peu importe la méthode, afin de remporter 100 000 yens par prise (environ
750 euros). Nakanishi replonge dans la violence pour gagner cet argent et y
prend un tel plaisir qu’on se demande au final ce qui le motive le plus :
tabasser à mort les autres participants ou l’argent « facile » ?
L’histoire de Nakanishi est entrecoupée de flashbacks où
on découvre l’histoire de Chihiro, une petite fille dont le père est à l’hôpital
dans un état grave à cause de « méchants monsieurs » qui l’ont
attaqué. Si vous vous demanderez dans un premier temps « Mais quel rapport ? »,
ne vous inquiétez pas, tout vous sera dévoilé à la fin.
Duds Hunt the
network survival game est un one-shot (chouette on va pas se ruiner) qui,
tout comme Détenu 042 ou Death Note, vous invite à réfléchir sur
ce qui est vraiment pourri dans la société. L’auteur ne vous fait pas part de
son opinion, mais laisse le soin au lecteur, en lui apportant tous les éléments
de l’histoire, de choisir si la solution de fin est une bonne chose ou non. Et
il vous sera difficile d’avoir un avis tranché.
Ce que j’aime dans ce manga (outre le fait qu’il soit un
one-shot et qu’il invite à la réflexion) c’est bien le trait du dessinateur,
qui vous happera et vous fera frissonner au fil des pages. Bien sûr certains
diront que le sujet semble bateau et que ça a l’air d’être la nouvelle mode de
reprendre les thèmes de Battle royal ou de la frontière entre bien et mal
(citons Suicide Island, Judge, Walz ou encore Hunger Games du
côté des romans cette fois…) mais avouons que cela reste plus profond que ces
histoires d’amour entre vampires adolescents ou entre une adolescente pré
pubère et son majordome !
Duds Hunt the
network survival game est un one-shot seinen de Tetsuya Tsutsui, disponible
aux éditions Ki-oon depuis le 1er septembre 2004 au prix de 7 euros
65.
Resha Heart
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